https://www.youtube.com/watch?v=x4JVg3drMms
En cliquant sur le lien ci-dessus, vous pourrez découvrir le clip de cette chanson interprétée par MC Solaar.
Voici ci-dessous le texte de cette chanson:
J’suis un village comme quelques autres en France
Ma naissance se situe vers la Renaissance
Moins d'une centaine quel que soit le recensement
Bien avant les pansements, j’n'avais que des paysans.
J'en ai vu lutiner ou flâner ou glaner
Des pelletées de mirabelles vers la fin de l'été.
Je crois que l'unique chose qui a changé ma vie
Fut l'arrivée des taxis.
Et ils sont pleins, selon mes recoupements
Il y a des gueules cassées, pour les blessés : prothèses et pansements
Face à face ils se font front dans les tranchées
Avant tout ce manège, j'étais un village enchanté.
On ne me croit pas, ça semble irréel
Avant tout ce manège, j'étais un village enchanté
Les seuls témoins sont les mirabelles
Avant tout ce manège
Ils se sont préparés pour la bataille
Dans l'artère principale c'est la pagaille
Ils portent des uniformes bleus, rouges, voyants
Avec montre à gousset, couvre-chefs flamboyants.
La grosse Bertha fait face au crapouillot.
Le flot de feu est continu, soutenu par les artiflots.
« Comme à Valmy ! » nous répétait l’académie
« Une bataille, des acclamations et c'est l'accalmie ! »
Les murs ont des oreilles, c'est la fête au village
Le théâtre aux armées nous fait découvrir le jazz
Il y a des fanions, des litrons, du tapage
Et cette odeur maudite le vent nous ramène les gaz
Il y a de la joie, des pleurs, des fleurs, la peur,
Tout à l'heure, on a fusillé un déserteur.
Il avait ce poème dans sa vareuse
Adieu, Meuse endormeuse.
On ne me croit pas ça semble irréel
Avant tout ce manège, j'étais un village enchanté
Les seuls témoins sont les mirabelles
Avant tout ce manège
Maintenant que la guerre est passée
Il n'y a plus de soldats terrés dans les tranchées
Les Taxis de la Marne s'en sont retournés.
Qui aurait pu penser que j’les regretterais.
En l'an 14 ils étaient des milliers
Démobilisés je ne les ai pas oubliés
J’repense au boulanger, je sens le pain au millet
Des blessés, des macchabées mais là au moins je vivais !
Ça fait plus d’cent ans que je n'ai plus d'habitants
Quelques mots sur une plaque et puis des ossements.
Je le dis franchement : c'est pas latent, j'attends
Le retour de la vie dans la paix ou le sang.
Trop court était l'enlisement...
Je n'ai plus aucun habitant...
Les mirabelles sont en déshérence
Je suis un village mort... Pour la France.
Allons enfants. On ne me croit pas ça semble irréel
Allons enfants. Les seuls témoins sont les mirabelles
Allons enfants. Les seuls témoins...
Allons enfants. Sont les mirabelles.
Allons enfants. allons enfants.

Les questions par rapport au texte de cette chanson:
- A votre avis, qui est « je » dans ce texte ?
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- Qu’est-ce que la Renaissance ?
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- A quoi sert un recensement ?
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- A quels taxis cette chanson fait-elle référence ? Qu’ont fait ces taxis ?
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- Quelles étaient les couleurs des uniformes des militaires français de cette époque ?
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- Qui était la grosse Bertha ?
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- Que s’est-il passé à Valmy ?
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- Quel poète a écrit ces quelques mots : « Adieu, Meuse endormeuse » ? (cf annexe1)
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- « En l’an 14 » du texte fait-il référence à 14 après Jésus-Christ ? Justifiez votre réponse avec un élément du texte et/ou historique après avoir donné votre réponse.
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- A quoi vous font penser les amorces de chacun des vers de la dernière strophe de cette chanson ?
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Annexe 1 :
Jeanne d’Arc, A Domrémy (1897)
« Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance,
Qui demeures aux prés, où tu coules tout bas.
Meuse, adieu : j’ai déjà commencé ma partance
En des pays nouveaux où tu ne coules pas.
Voici que je m’en vais en des pays nouveaux :
Je ferai la bataille et passerai les fleuves ;
Je m’en vais m’essayer à de nouveaux travaux,
Je m’en vais commencer là-bas des tâches neuves.
Et pendant ce temps-là, Meuse ignorante et douce,
Tu couleras toujours, passante accoutumée,
Dans la vallée heureuse où l’herbe vive pousse,
O Meuse inépuisable et que j’avais aimée.
Un silence.
Tu couleras toujours dans l’heureuse vallée ;
Où tu coulais hier, tu couleras demain.
Tu ne sauras jamais la bergère en allée,
Qui s’amusait, enfant, à creuser de sa main
Des canaux dans la terre, - à jamais écroulés.
La bergère s’en va, délaissant les moutons,
Et la fileuse va, délaissant les fuseaux.
Voici que je m’en vais loin de tes bonnes eaux,
Voici que je m’en vais bien loin de nos maisons.
Meuse qui ne sais rien de la souffrance humaine,
O Meuse inaltérable et douce à toute enfance,
O toi qui ne sais pas l’émoi de la partance,
Toi qui passes toujours et qui ne pars jamais
O toi qui ne sais rien de nos mensonges faux,
O Meuse inaltérable, ô Meuse que j’aimais,
Un silence.
Quand reviendrai-je ici filer encore la laine ?
Quand verrai-je tes flots qui passent par chez nous ?
Quand nous reverrons-nous ? Et nous reverrons-nous ?
Meuse que j’aime encore, ô ma Meuse que j’aime.
Un assez long silence.
Elle va voir si son oncle revient.
O maison de mon père où j’ai filé la laine,
Où, les longs soirs d’hiver, assise au coin du feu,
J’écoutais les chansons de la vieille Lorraine,
Le temps est arrivé que je vous dise adieu.
Tous les soirs passagère en des maisons nouvelles,
J’entendrai des chansons que je ne saurai pas ;
Tous les soirs, au sortir des batailles nouvelles,
J’irai dans des maisons que je ne saurai pas.
Un silence.
Maison de pierre forte où bientôt ceux que j’aime,
Ayant su ma partance, - et mon mensonge aussi, -
Vont désespérément, éplorés de moi-même,
Autour du foyer mort prier à deux genoux,
Autour du foyer mort et trop vite élargi,
Quand pourrai-je le soir filer encore la laine ?
Assise au coin du feu pour les vieilles chansons ;
Quand pourrai-je dormir après avoir prié ?
Dans la maison fidèle et calme à la prière ;
Quand nous reverrons-nous ? et nous reverrons-nous ?
O maison de mon père, ô ma maison que j’aime. »
(Ed. Gallimard, coll. La Pléiade, Œuvres poétiques complètes, pp. 80-82)
Source : http://www.charlespeguy.fr/extraits